La classification des identités de genre ne se limite plus à une opposition stricte entre masculin et féminin. Certaines personnes se reconnaissent partiellement dans le genre féminin, tout en se situant en dehors des cadres binaires traditionnels. Des termes spécifiques sont apparus pour décrire ces réalités, souvent mal comprises ou ignorées dans les discussions sur le genre. Adopter un vocabulaire précis permet de mieux saisir la diversité des expériences vécues et d’éviter les amalgames fréquents entre identité de genre et expression de genre.
Comprendre la non-binarité : des identités de genre au-delà du masculin et du féminin
La non-binarité dérange un système trop souvent résumé à deux colonnes : masculin ou féminin. Beaucoup ne s’y retrouvent pas. Certaines personnes s’identifient en partie à l’un de ces genres, d’autres refusent totalement ces cases pour habiter une réalité hybride, entre-deux ou mouvante. Longtemps étouffées ou passées sous silence, ces identités sortent désormais de l’ombre, portées par un élan venu de la communauté LGBTQ+ et d’une parole de plus en plus légitime.
Le terme demigirl vient apporter une nuance précieuse à ce paysage. Être demigirl, c’est ressentir un lien partiel avec le genre féminin tout en s’en affranchissant. La question du genre assigné à la naissance n’entre pas en jeu : une personne peut se reconnaître demigirl, qu’importe la mention portée sur son premier acte de naissance (qu’elle soit AFAB, AMAB ou AXAB). Difficile alors de nier que la réalité intime du genre ne se plie pas au schéma du sexe assigné à la naissance.
Pour mieux cerner la pluralité des expériences non-binaires, plusieurs repères s’imposent :
- Le spectre non-binaire rassemble une mosaïque d’identités, parmi lesquelles demiboy, demineutrois ou demifille.
- La non-binarité ne dicte ni l’apparence, ni l’orientation romantique ou sexuelle.
Refuser le schéma figé des genres, c’est ouvrir la porte à des façons d’être qui réclament l’écoute. La notion de genre fluide rejoint cette dynamique et bouscule les repères acquis. Même si cette visibilité est récente, beaucoup en France et ailleurs vivent cette réalité au quotidien, souvent loin des vernis médiatiques.
Demigirl : qu’est-ce que cela signifie vraiment ?
Le mot demigirl affine la palette des identités de genre. En français comme en anglais, il désigne une personne qui s’identifie partiellement, mais pas complètement, comme fille ou femme. Cet état ne relève pas de la contradiction : c’est un rapport personnel, tangible, avec le genre féminin, sans adhésion totale à ce cadre.
Pour mieux s’y retrouver, voici les principaux termes à connaître dans cet univers :
- Les mots demifille et demifemme désignent la même expérience que demigirl.
- Le terme équivalent côté masculin est demiboy ; d’autres variantes existent, comme demineutrois ou deminonbinaire pour différentes nuances non-binaires.
Une personne demigirl n’embrasse donc pas l’intégralité du genre féminin, et ne se trouve pas non plus complètement hors de ce spectre. Le mot « partiellement » est central : il s’agit d’un ressenti qui peut évoluer, où certains éléments, codes ou attentes du féminin prennent sens, mais jamais dans une dimension unique ou imposée.
Se situer entre les genres refuse les lignes rigides tracées par la société et revendique la subjectivité de chacun. Ces vécus, loin d’être abstraits, rythment la vie concrète de nombreuses personnes, ici comme ailleurs.
Caractéristiques et vécus spécifiques des personnes demigirl
Se définir comme demigirl implique d’avancer à la croisée de plusieurs chemins. Hors des standards binaires, l’expression de genre varie d’une personne à l’autre : parfois proche des codes féminins, parfois empruntant à la neutralité ou à l’ambiguïté. Le choix des pronoms devient révélateur : certaines préfèrent « elle », d’autres « iel », et ce choix peut fluctuer suivant les journées ou les contextes.
Pour y voir plus clair, quelques emblèmes et signes majeurs marquent cette identité :
- Le fameux drapeau demigirl, créé par Transrants, devenu symbole de visibilité et fierté revendiquée.
- Le symbole demigirl, pensé par un collectif non-binaire au Brésil, pour afficher sa présence avec force.
La discrimination frappe toujours, sous de nombreuses formes. Invisibilisation, préjugés, absence de compréhension ou même accès compliqué à certains soins adaptés : la réalité des demigirls, en France et ailleurs, est souvent synonyme d’un combat silencieux mais épuisant. Les conséquences, notamment sur la santé mentale, sont régulièrement soulignées dans les récits et enquêtes communautaires.
Dans ce climat, le soutien du réseau social, famille, proches, espaces bienveillants, joue un rôle majeur. Dans l’acceptation, l’éducation et la possibilité d’être soi-même, on trouve souvent une respiration, une manière d’avancer avec plus de confiance. Les chemins sont multiples ; la quête de reconnaissance les relie.
Pourquoi le choix des mots et des pronoms est essentiel pour l’inclusion
Reconnaître et utiliser les mots et pronoms choisis par une personne demigirl, c’est lui faire une vraie place. Le terme demigirl est apparu dans les années 2010 et s’est affirmé comme une marque d’appartenance et de visibilité, à la faveur de travaux militants et collaboratifs. Nommer avec justesse, c’est valider l’existence et la singularité de celles et ceux qui se vivent ainsi.
Se référer, dans la sphère personnelle ou sociale, à « elle », « iel », « ael » ou toute autre formule choisie, a un impact direct. Ce simple geste contribue au bien-être, comme l’ont montré de nombreux témoignages au sein de la communauté LGBTQ+ : être reconnus dans ses mots, c’est échapper à une forme d’effacement. À l’inverse, utiliser des pronoms erronés, ce qu’on appelle le misgendering, peut renforcer le sentiment d’exclusion ou de solitude.
Si la question des pronoms heurte encore certains repères en France, la diversité des usages ne cesse de s’affirmer. D’un côté, certains choisissent la neutralité ; d’autres, un attachement au féminin, partiel ou total. Cette pluralité de parcours donne toute sa richesse à la discussion sur le genre et montre à quel point chaque histoire compte.
Ouvrir l’écoute aux identités demigirl, c’est aller à contre-courant des certitudes simples. Là où surgit une nuance, un mot trouvé, une nouvelle possibilité d’habiter le monde apparaît.


